Points de vue sur l'actualitéTravail : ne plus aller au chagrin...Les salariés ont payé au prix fort la nécessaire modernisation de nos structures économiques. C'est ce qui ressort d'un article paru dans la dernière édition de Données Sociales. En l'espace de vingt ans, les salariés français ont vu leurs conditions de travail se dégrader régulièrement, alors même que les entreprises restauraient (et de façon spectaculaire !) leur taux de profit. C'est dans le domaine du temps de travail que les reculs les plus inquiétants ont été constatés. Développement des horaires irréguliers et diversifiés, explosion du travail du dimanche (un salarié sur quatre était concerné par le travail dominical en 1998, contre moins d'un sur cinq en 1984), montée en puissance, surtout depuis 1991, du travail de nuit, délais de prévenance de plus en plus réduits : les salariés ont la plus grande peine à maîtriser et à organiser, comme ils l'entendent, leurs différents temps de vie. L'enquête révèle aussi une importante intensification des rythmes de travail, qui est liée, selon ses auteurs, à un cumul de contraintes : devoir répondre à la demande du client tout en respectant des délais serrés, subir les contrôles fréquents de la hiérarchie, dépendre du rythme de travail de ses collègues. La proportion de salariés qui déclarent plus de deux contraintes fortes est ainsi passée de 12 à 42 % entre 1984 et 1998. Ce passage à de nouvelles normes managériales s'est accompagné, dans de nombreux cas, d'un accroissement de la charge mentale du travail. |