Points de vue sur l'actualitéDépenses publiques : les dents... de l'amerSans oser le dire trop ouvertement, le Gouvernement se prépare à opérer un tournant macroéconomique spectaculaire. Après avoir fait cavalier seul lors de la dernière réunion des Ministres des Finances de l'Union Européenne à Luxembourg, la France, par la voix de Francis Mer, l'actuel Ministre des Finances, met de nouveau en avant le concept de rigueur. Si l'on en croit, en effet, le programme pluriannuel de finances publiques, pour la période 2004 - 2006, que la France a récemment transmis à Bruxelles, notre pays s'engagerait, à partir de 2004, sur la voix menant à une réduction drastique de ses déficits. Répondant aux vœux pressants de la Commission Européenne, il mettrait en œuvre une stratégie visant à réduire le déficit structurel (hors effets de la conjoncture) de ses finances publiques de 0,5 point de PIB. Une stratégie non dénuée de dangers pour la cohésion économique et sociale, puisque, si l'on en croit l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE) celle-ci ne pourrait se concrétiser sans une mise à la diète de la dépense publique (-7,5 milliards d'euros). A l'heure où la récession menace de plus en plus et où nombre d'économistes n'hésitent plus à s'interroger sur la pertinence du pacte de stabilité et de croissance européen, il serait des plus inconséquent de sacrifier à une religion du déficit zéro qui risque de rimer, dans les faits, avec aggravation des inégalités sociales et recul des investissements publics. |