Points de vue sur l'actualitéDe la friture sur la ligneIl existe une entreprise en France dans laquelle les deux tiers des salariés exercent en 2002 une activité complètement différente de celle qu'ils exerçaient il y a cinq ans. Cet effort, ils l'ont fourni parce qu'ils portent à leur entreprise un attachement hors du commun, au point d'y investir leurs deniers. Cette entreprise qui, cotée 200 milliards en bourse il y a quelques années en vaut aujourd'hui 15, s'appelle France-Télécom. Tout désigne l'Etat, principal actionnaire, comme le principal responsable de sa chute brutale. Dans cette affaire, les salariés, trompés dans leur attachement à l'entreprise, ont été deux fois floués. Le blocage pendant cinq ans de leurs actions les a empêchés de se désengager à temps. Aujourd'hui, ils sont menacés dans leurs emplois. Les militants CFTC de France-Télécom redoutent en effet les suppressions massives d'emplois dans les filiales. Et pourtant ce sont les salariés de France-Télécom qui ont raison. Ils savent que leur entreprise mérite d'être défendue et qu'elle passera cette étape critique si on lui en donne les moyens. Pour ce faire, l'Etat ne doit pas se limiter à sortir le capitaine du bateau. Il doit concéder à l'entreprise un prêt à long terme, garanti par lui, afin de redonner la confiance. Le plus urgent est donc de sauver France-Télécom. Mais il y a aussi à tirer les leçons de cette crise. Dans toutes les entreprises où ils existent, les salariés actionnaires doivent être représentés par les représentants syndicaux eux-mêmes, afin d'être informés et défendus. Enfin, à quelques mois du futur débat sur la réforme des retraites, l'épisode France-Télécom montre que le monopoly boursier n'offre pas les garanties que certains voudraient lui prêter. L'avenir des retraites serait bien incertain s'il devait passer par la constitution d'un troisième étage par capitalisation et la CFTC s'opposera fermement à cette solution. |